Développer et partager les connaissances scientifiques les plus pertinentes possibles concernant la santé psychologique des populations exposées aux conflits armés et aux violences intergroupes.
Le Rwanda est un pays de l’Afrique de l’Est qui a connu beaucoup des conflits armés. Entre novembre 1959 et septembre 1961, le pays a connu d'horribles tueries consécutives au conflit sociopolitique entre Hutu et Tutsi qui a abouti à la prise du pouvoir par les Hutu, avec le soutien des autorités coloniales et de l’Église catholique. Cette situation d’insécurité poussa des dizaines de milliers de Tutsi mais aussi un certain nombre de Hutu à se réfugier à l’extérieur du pays ou à se réinstaller dans des sites de peuplement à l’intérieur du pays (Kimonyo, 2008, p. 52).
Entre mars 1961 et novembre 1966, il y eut une dizaine d’attaques significatives qui visaient principalement les officiels dans la région frontalière. Selon Kimonyo (2008, p. 53), chacune de ces attaques, en réponse, donnait le signal d’actions de répression plus ou moins étendues contre la population Tutsi de la localité. L’attaque de décembre 1963 marqua un tournant dans l’ampleur de la répression, avec les actes de génocide de Gikongoro (Lemarchand, 1970, p. 217- 224).
Le Rwanda est surtout cité pour le génocide des Tutsi du 7 avril au 17 juillet 1994. Ce génocide s'inscrit historiquement dans un projet génocidaire latent depuis plusieurs décennies, à travers plusieurs phases de massacres de masse. D’après le rapport du dénombrement des victimes du génocide effectué en juillet 2000 par le Ministère de l’Administration Locale et des Affaires Sociales, le nombre de toutes les victimes du génocide déclarées est évalué à 1 074 017 et 934 218 victimes furent effectivement dénombrées. Selon l’ONU, le nombre des victimes du génocide se situe entre 800 000 et un million de personnes tuées en cent jours. Le génocide fut arrêté officiellement le 4 juillet 1994, date à laquelle Kigali la capitale est libérée, par l’Armée Patriotique du Rwanda (APR) commandée par l’actuel Président du Rwanda, Paul Kagame, qui a défait l’Armée régulière ayant planifiée et exécutée le génocide. Cette période correspondant à l’arrêt des massacres est aussi importante car elle signe en même temps le début d’une survivance. Ce début de la période post génocide est principalement caractérisé par un nombre important des victimes, soit 1/7 à 1/8 de la population tuées dans un temps record de 3 mois.
Pour recoller les morceaux, il a fallu que les nouvelles autorités recourent à une politique de rassemblement, avec comme leitmotiv unité, réconciliation, développement, bonne gouvernance, justice sociale et lutte contre l’impunité, santé pour tous. S’agissant de cette dernière, l’accent a été mis tout d’abord sur la réhabilitation des services de santé profondément détruits lors du génocide, c’est-à-dire hôpitaux, centres de santé, structures de formation des professionnels de santé de tout bord, etc. La santé mentale fut également promue, avec notamment l’adoption, pour la première fois dans l’histoire du pays, d’une politique nationale de santé mentale, basée essentiellement sur son intégration dans les soins de santé primaires. Ce processus est toujours en cours et se développe chaque jour pour atteindre le niveau le plus élevé. Un Fond National d’aide aux Rescapés du Génocide (FARG) fut créé pour contribuer à l’accompagnement de ces derniers et les juridictions Gacaca se saisissent du contentieux du génocide ainsi que de la question du viol et d’autres violences sexuelles perpétrées dans le contexte du génocide, comme crime constitutif du génocide. Vingt-huit ans après ce dernier génocide du vingt et unième siècle, le Rwanda a préservé sa stabilité politique et aspire à devenir, d’ici 2035, une économie à revenu intermédiaire. Cette forte croissance économique s’est accompagnée par une amélioration des conditions de vie. Ainsi, le taux de mortalité infantile a baissé de deux tiers et le pays a presque atteint l’objectif d’éducation universelle. Le taux de pauvreté a baissé de 77% en 2001, à 55% en 2017, tandis que l’espérance de vie est passée de 29 ans à 69 ans entre le milieu des années 1990 et 2019. Cependant, la pandémie de Covid est à l’origine d’une recrudescence de la pauvreté en 2021 (Banque mondiale, 2022).
Ressources bibliographiques importantes
RECHERCHES ET PRATIQUES
EN SANTÉ MENTALE SUITE
AUX VIOLENCES POLITIQUES
Répondre d'Autrui
Jean-Luc Brackelaire
Jean Kinable
Eugène Rutembesa
Thématique :
- Psychologie et psychanalyse
- Sociologie et questions de société
Détails de l'éditeur
Re-Imagining Rwanda: Conflict, Survival and Disinformation in the Late Twentieth Century (African Studies, Series Number 102) First Edition
The conflict in Rwanda and the Great Lakes in 1994-1996 attracted the horrified attention of the world's media, diplomats and aid workers struggling to make sense of the bloodshed. It is a sobering analysis of how simple, persuasive, but fatally misleading analysis of the situation led to policy errors that exacerbated the original crisis.
"In this well-documented, thorough, well-organized, vigorously argued narrative, Pottier guides us through the complexities of these local realities within shifting national, regional, and international contexts. Essential."
Un dimanche à la piscine à Kigali
Aussi en film
Basé sur le roman de Gil COURTEMANCHE, Un dimanche à la piscine à Kigali, le film Un dimanche à Kigali est l'œuvre du réalisateur Robert Favreau, assisté de Gil Courtemanche au scénario. L'histoire gravite autour de Bernard Valcourt, journaliste, qui est envoyé au Rwanda dans le but de faire un documentaire sur le sida. Il se verra pris dans la tourmente des horribles événements mettant en cause Hutus et Tutsis et qui conduiront tragiquement au génocide.